Cote/Cotes extrêmes
Date
Description physique
Origine
Biographie ou Histoire
En 1874, Eugène Maréchal crée à Vénissieux une entreprise en nom collectif : la Société Eugène Maréchal & fils. Le fondateur associe à la direction ses deux fils, Henri et Alexandre, qui prennent sa succession en 1905. La raison sociale a connu deux modifications, en 1899 et en 1924, lorsque l'entreprise devient une société anonyme. Elle porte alors le nom d'« Établissements Maréchal SA ».
Jusqu'en 1940, les usines Maréchal fabriquent surtout des toiles cirées. Dès 1923, Henri Maréchal se soucie de maîtriser entièrement la branche de la toile cirée, en constituant un vaste complexe industriel. Le site de Saint-Priest produit ainsi des filés et des tissus à destination de l'usine de Vénissieux, qui reste, elle, spécialisée dans la production de toiles cirées. Le succès des toiles vénissianes est tel qu'elles sont exportées dans le monde entier : en Allemagne, au Portugal, en Tripolitaine, en Grèce, en Bulgarie et en Turquie. Des dépôts sont alors constitués à Turin, Londres, Vienne, Le Caire, Casablanca et en Hollande. Toutefois, dès cette époque, le directeur de la société, Henri Maréchal, entend diversifier les activités de sa firme. Le site de Vénissieux se met à produire des colorants, des vernis et des tissus suédés. Surtout, Maréchal se tourne vers le similicuir. Il fait construire une usine à Solaize qui fabrique des tissus de nitrocellulose, ennoblis par le site de Vénissieux qui produit du similicuir de marque Buflex.
Au cours de cette période, l'activité de l'entreprise semble stimulée par les commandes de l'armée. Il est possible que l'entreprise ait engrangé ces premiers contrats durant la première guerre mondiale. Quoi qu'il en soit, le ministère de la Guerre contacte Maréchal au début des années 1930. Les échanges s'intensifient au cours de la décennie, tandis que la perspective d'un conflit avec l'Allemagne se dessine. L'industriel doit, en outre, fournir un tissu huilé de qualité qui permette la fabrication d'un masque à gaz performant (appareil A.R.S.).
Profitant de cette croissance économique, la société anonyme Maréchal prend le contrôle de trois sociétés au début des années 1930. La banque Oustric, nouvel actionnaire majoritaire, lui aurait inspiré cette politique d'expansion. En 1932, le groupe prend le contrôle de la Société Zapon (fibres vulcanisées, tissus enduits, suédés, cirés, gomme et vernis) puis, la même année, la Compagnie continentale du Pégamoïd (papiers, enduits, toiles cirées, papiers peints lavables) et enfin, en 1933, la Société nouvelle des Établissements Torrilhon (caoutchouc). Par ailleurs, Henri Maréchal multiplie ses participations dans divers conseils d'administration dont ceux de la Société Stabilimento San Giorgio (Italie), de la Sociedad General de Hales (Espagne) et de la Société Granitol (Tchécoslovaquie). Notons qu'en 1930, Paul Lederlin, le directeur des Blanchisseries et Teintureries de Thaon (BTT), géant français de l'ennoblissement des toiles de coton, rachète les parts de la banque Oustric pour éviter le krach de cette dernière. Les Établissements Maréchal deviennent donc propriété de la BTT, qui devient « Société Gillet Thaon » en 1932. Une étude ultérieure devrait mettre en évidence l'incidence de cette prise de contrôle sur la stratégie du groupe Maréchal.
Le second conflit mondial marque une rupture. L'effondrement du marché de la toile cirée contraint le groupe à se tourner vers de nouveaux produits. Il s'oriente désormais vers l'enduction PVC et le calandrage PVC. Dès la fin de 1946, l'usine de Vénissieux produit les premières feuilles PVC livrées en France. En 1955, la production de PVC dépasse celle de la toile cirée. Cette dernière n'est plus produite à partir de 1965.
En 1960, les Établissements Maréchal SA sont rachetés par la société « La Cellophane » du groupe Celtex. Quatre ans plus tard, cette dernière cède au groupe Solvay les Établissements Maréchal qui prennent alors le nom de « Griffine-Maréchal ». Par la suite, Solvay confie cette dernière à sa filiale Vénilia. Or, en 2009, la société Véninov absorbe la filiale Vénilia. Les usines Maréchal appartiennent alors au groupe Veninov. La même année, ce dernier est absorbé par l'Allemand Alkor Venilia GmbH. Au sein de ce dernier groupe, l'entité de Vénissieux n'est qu'une simple succursale. Dans le cadre d'une procédure secondaire d'insolvabilité de liquidation judiciaire prononcée par le tribunal de Nanterre le 8 juillet 2011, des licenciements ont lieu au sein du groupe Alkor Vénilia. C'est le cas pour tous les employés du site de Vénissieux et pour d'autres sites en France. Selon les notes d'un expert de Conseil Management & Audit, le groupe aurait été en situation de cessation de paiement depuis le 1er novembre 2010. Ces mêmes notes accusent Alkor Vénilia de malversations financières. En 2012, le tribunal de Nanterre entérine finalement le projet de rachat de la société Alkor Vénilia par l'entreprise autrichienne Windhager. Mais au moment de la rédaction de cette notice, en février 2013, et malgré la mobilisation des salariés, le site de Vénissieux n'a toujours pas repris son activité.
Histoire de la conservation
Les Établissements Seghers et Maréchal puis la société Griffine-Maréchal S.A. ont constitué et conservé le fonds d'archives jusqu'à son dépôt aux Archives départementales du Rhône, le 4 juillet 1985.
Modalités d'entrées
Dépôt de la société Griffine-Maréchal S.A. aux Archives départementales du Rhône, 1985 (fonds).
Présentation du contenu
Les Établissements Maréchal ont, pendant presque un siècle, occupé en France une position industrielle importante. Du début des années 1870, lors de la naissance de l'entreprise familiale spécialisée dans la fabrication de toiles cirées, jusqu'à sa dissolution et son absorption en 1964, en passant par les années 1920 qui ont vu les productions se diversifier et des firmes analogues entrer dans son giron, l'entreprise Maréchal a connu un développement représentatif de celui des industries des revêtements de surface de l'époque. Ainsi, le fonds des Établissements Maréchal, déposé aux Archives départementales du Rhône en 1985, fournit des archives particulièrement passionnantes pour le chercheur en histoire industrielle, plus encore pour le chercheur spécialisé dans l'histoire de l'industrie chimique, et probablement tout autant pour l'historien des années 1930, celles qui ont conduit au second conflit mondial.
Les échanges de titres montrent à quel point les rachats et les ventes des industries de la chimie ont été légion durant une grande partie du XXe siècle. Les actes notariés relatifs à l'acquisition de terrains, les contrats passés pour la construction de voies de chemin de fer ainsi que les nombreux plans des bâtiments d'usine soulignent l'accroissement rapide de l'entreprise, tout comme l'état des commandes et les marchés obtenus durant les années 1920 et 1930. D'autres archives remarquables permettent de comprendre les procédés de fabrication, tels les protocoles de conception, les échantillons de tissus et les cahiers des charges. Les commandes du ministère de la Guerre, en cas de mobilisation à la fin des années 1920, montrent à quel point la guerre à venir était pensée et même anticipée. Il convient également de prendre la mesure des archives produites au lendemain du conflit. Les inventaires des réquisitions des autorités françaises, allemandes ou plus tard de celles des Forces Françaises de l'Intérieur, les rapports d'expertise sur les dégâts engendrés par les bombardements alliés, ainsi que les règlements des sinistres de guerre, apportent des informations particulièrement appréciables sur le parcours d'une entreprise industrielle stratégique au cours de cette période.
Les archives des Établissements Maréchal ne sont, pour autant, pas toutes présentes dans ce fonds. Il n'est fait aucunement mention, par exemple, des dossiers du personnel ou encore des archives en rapport avec des mouvements sociaux. De tels documents ont certainement été transmis aux entreprises qui ont succédé aux Établissements Maréchal.
Cet instrument de recherche, qui suit le classement du fonds, vingt-huit ans après le dépôt originel, entend offrir au chercheur de nouvelles sources éclairant l'histoire industrielle du XXe siècle.
Les archives produites par les Établissements Maréchal ont connu un sort inégal. D'une part, le fonds 62 J comprend surtout des dossiers opérationnels. Ils témoignent du savoir-faire de l'entreprise, qui lui est propre. Par contre, une grande partie des documents fonctionnels, dont les dossiers du personnel, a disparu ou n'a pas été déposée. D'autre part, les documents déposés portent essentiellement sur la première moitié du XX e siècle.
Évaluation, tris et éliminations, sort final
Étant donné que le fonds représente un faible métrage linéaire et que les documents conservés sont, pour la plupart, relatifs aux opérations spécifiques des Établissements Maréchal et présentent ainsi un intérêt historique notable, l'élimination a été de faible envergure. Elle n'a porté que sur des doublons.
Nous avons fait le choix d'éliminer un dossier « risques terrestres de guerre », puisqu'il ne présentait aucun intérêt historique, dans la mesure où les documents le constituant apparaissaient inexploitables, voire même sans rapport avec l'intitulé.
Accroissements
Le fonds est clos. En effet, les rachats successifs des Établissements Maréchal ont engendré des transferts de propriété des archives. Ainsi, si tant est qu'il subsiste des archives historiques autres que le fonds 62 J, elles constituent désormais un fonds distinct.
Mode de classement
Le classement, dans son organisation, s'est inspiré du plan de classement proposé par Bertrand Gille en 1958. Celui-ci s'adapte bien au fonctionnement des grandes entreprises françaises telles qu'elles existent jusqu'aux années 1950. Elles sont dotées d'une direction centralisée, comprenant une direction générale qui se subdivise en plusieurs services (comptabilité, bureau d études, commandes et marchés, correspondance, fabrication etc.). Néanmoins, le présent plan de classement s'est aussi soucié de prendre en compte la spécificité des fonds produits par les entreprises Maréchal. En outre, une partie intitulée « Extraordinaire de guerre » a été créée afin de regrouper les nombreux papiers liés aux dommages et aux réquisitions de guerre.
Concernant les dossiers, le fonds avait déjà fait l'objet d'un pré classement par l'entreprise ellemême. Pour préserver la logique de classement du producteur, nous avons en très grande partie conservé les dossiers déjà constitués.
Deux dossiers de petite taille présentant les Établissements Maréchal ont été rassemblés en un seul sous la cote 62 J 7 ; leur séparation n'avait a priori pas de sens et ce regroupement permet au lecteur de bénéficier d'une clarté supérieure dans ce type de recherche. Le choix a été fait de scinder un dossier en deux.
Nous avons retiré d'un dossier concernant des acquisitions de terrain (que l'on retrouve sous la cote 62 J 10), des archives concernant des commandes militaires en cas de mobilisation. Ce dossier porte désormais la cote 62 J 37 et appartient à la catégorie « Commandes et Marchés ».
Conditions d'accès
D'après le contrat de dépôt du 4 juillet 1985, les documents sont librement communicables.
Conditions d'utilisation
Le contrat de dépôt ne prévoit pas de restriction particulière quant à la reproduction.
Langue des unités documentaires
Documents en relation
Archives départementales du Rhône
4 M Sup 12 Associations : (...) Caisse de solidarité des établissements Maréchal, usine de Vénissieux (1937).
5 M Etcl 137, 144, 253 ; 994 W 580 ; 995 W 89, 117, 153, 175 ; 1716 W 6 : Établissements classés. - Société « La Cellophane », anc. Établissements Maréchal, anc. Maréchal et Husson, anc. Maréchal et Seghers (ou Seighers) : usines Est et Sud-Ouest à Vénissieux (objets en plastique, anc. fabrication de toiles cirées et vernies).
5 M Etcl 1454, 214, 253, 265, 310 ; 995 W 175 ; 2319 W 10 : Établissements classés. - Société Griffine-Maréchal, anc. Société « La Cellophane », Établissements Maréchal, anc. S.A. des Verres Spéciaux (M. Camille Boutier) : usine Nord à Vénissieux (objets en plastiques, anc. fabrication de vernis), anc. verrerie.
130 W 6 Dommages de guerre et reconstitution immédiate des entreprises industrielles (1944-1946) : (...) Maréchal.
318 W 82-83 Dommages de guerre. Établissements Maréchal S.A. (rue Eugène Maréchal, Vénissieux) : rapports d'expertise, états descriptifs, dossier de reconstitution, plans (1940-1965).
888 W 51 Comité départemental des habitations à loyer modéré, Office HLM de Villeurbanne : (...) Groupe Henri Maréchal (s.d.).
904 W 43 Construction d'établissements scolaires, d'équipements culturels et sportifs. (...) Vénissieux, aménagement d'un terrain de sports sur un terrain des Établissements Maréchal (1971).
975 W 81 Associations : (...) Club omnisports « La Cellophane » (1965-1968).
2644 W 4 Établissements classés. - Société Griffine-Maréchal : dépôt de matériaux en PVC.
3522 W 78 Direction départementale de l'équipement, lotissements. (...) Saint-Priest Société « La Cellophane » (1964).
3958 W 75 Défense passive. Vénissieux (23 au 30 mars 1944) : fiches de renseignements (but, durée, nombre de bombes, effets), rapports, états des dégâts industriels, états des immeubles sinistrés ou détruits, avis de la mairie de Vénissieux, états des bombes à retardement, compte rendu de visite, liste des morts et des blessés, notes, carte, plans, photographies (mars-mai 1944).
4049 W 67 Direction départementale de l'équipement, lotissements. (...) Vénissieux Établissements Maréchal (1969-1972).
4049 W 177 Direction départementale de l'équipement, lotissements. (...) Rillieux-la-Pape Société « La Cellophane » (1973-1974).
Bibliographie
DANTON, V., « Un village du Bas-Dauphiné dans la banlieue de Lyon : Saint-Priest », dans Les Études rhodaniennes, 1930, p. 51-60.
FERRY, Claude, La Blanchisserie et Teinturerie de Thaon (1872-1914), Nancy, PUN, 1992, 304 p.
HOURS, J., « Sérézin-du-Rhône. Notes sur le développement d'une banlieue », dans Les Études rhodaniennes, p. 71-75.
LAFERRÈRE, Michel, « La concentration industrielle lyonnaise. 1. Saint-Fons », dans Revue de géographie de Lyon, 1961, p. 179-187.
PERRET, J., « Dans la banlieue industrielle de Lyon : Vaulx-en-Velin », dans Les Études rhodaniennes, 1937, p. 23-33.
MICHEL, Jean-Marie, Contribution à l'histoire industrielle des polymères en France, Société chimique de France, avril 2012, [consulté le 12/01/2013] : http://www.societechimiquedefrance.fr/fr/documentations-scientifiques/contribution-a-lhistoire-industrielle-des-polymeres-en-france-par-jean-marie-michel
ROBERT (François), Les archives d'entreprises en Rhône-Alpes aux XIXe -XXe siècles, Oullins, Imprimerie Bosc Frères, 1993, p. 344.
VIDELIER, Philippe, « Problèmes de fiabilité des recensements : exemple de Vénissieux entre les deux guerres », dans Population, 1983, p. 598-605.
VIDELIER, Philippe, « De la toile cirée au PVC. Une industrie de la banlieue lyonnaise : les établissements Maréchal à Vénissieux», dans Le Monde Alpin et rhodanien, n° 3-4, 1987, p. 193-207.
Expert de la Société CM&A, « Note d'expertise », 9 septembre 2011 [consulté le 14/01/2013]. http://www.blogandregerin.fr/documents/110915_veninov.pdf.
Notes
Tous les dossiers relevant de la deuxième guerre mondiale ne se trouvent pas dans la catégorie « Extraordinaire de guerre », les commandes de guerre sont classées dans la partie « Commandes et marchés ».
Mots clés matières
Mots clés producteurs
Cote/Cotes extrêmes
Date
Cote/Cotes extrêmes
Date
Présentation du contenu
Terrains, acquisitions, échanges, ventes, délimitations : plans, actes notariés, correspondance, convention de servitude, autorisations.
Cote/Cotes extrêmes
Date
Présentation du contenu
Mme Maret (1923-1931), autres contractants (1930), Compagnie P.L.M. (1933-1935), commune de Vénissieux (1948), Association diocésaine de Grenoble (1959-1961), La Cellophane (1959-1963), M. et Mme Joly (1959-1962), M. James Cusin (1959), Société d'Électrochimie d'Ugine (1960-1965), Entreprise Derobert (1961-1962), Les Caves Nîmoises (1963-1964), M. et Mme Filliat (1963-1964), passage de la canalisation du gaz de Lacq à Saint-Priest (1960), dépôt aérien de solvants de Vénissieux (1972).
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