242J - Société Morel-Journel et Compagnie, marchands de soie à Lyon

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Société Morel-Journel et Compagnie, marchands de soie à Lyon.

Cote/Cotes extrêmes

242J 1-242J1227

Date

1811-2013

Origine

Deux grands ensembles forment les producteurs :
L'établissement Morel-Journel

Biographie ou Histoire

L'établissement Morel-Journel & Cie (1811-2013)

Arlès-Dufour & Cie (1811-1885)

Constituée à l'origine sous le nom de Dufour frères, le commerce de soie fondée en 1802 à Leipzig, Brunswig et Hambourg possède au début du XIXe siècle une succursale à Lyon, sous le nom de Dufour & Cie depuis 1811, puis d'Arlès-Dufour & Cie en 1827, lorsque le gendre de M. Dufour, François Arlès, devient le directeur de la branche lyonnaise. A la mort de François Arlès-Dufour en 1874, l'entreprise passe aux noms de Gustave Arlès-Dufour, entré comme employé en 1848, Mme veuve Arlès-Dufour, Alphonse, Armand Arlès-Dufour et Maurice Chabrières. En quelques décennies, la société réalise des bénéfices fulgurants. En 1875, Arlès-Dufour & Cie devient une société en commandite par actions au capital de 6 millions de francs. En 1879, une nouvelle société par actions est formée au capital de 10 millions de francs, Les Successeurs d'Arlès-Dufour & Cie.

Chabrières, Morel & Cie (1885-1930)

En 1885 est fondée sous le nom de Chabrières, Morel & Cie la première société en nom collectif et en commandite pour 5 ans au capital de 2.5 millions francs. Entre 1890 et 1917 se succèdent plusieurs sociétés Chabrières, Morel & Cie.

Morel-Journel & Cie (1930-2013)

Le 31 décembre 1929, l'établissement Morel-Journel & Cie se sépare définitivement de la maison Chabrières de Marseille, tournée vers le commerce de différents produits avec la Méditerranée, pour se consacrer au textile. L'entreprise qui traite de la soie, s'occupe également de la schappe et de fibres synthétiques à partir de 1923. Un partenariat commercial pour la production et la vente de rayonne est noué avec la Société de la Soie artificielle à Décines, qui deviendra la Société Lyonnaise de Textile[1]. Ses activités se diversifient sous l'impulsion des progrès de l'industrie de la rayonne au début du XXe siècle. A l'importation traditionnelle de soies brutes et de tissus d'Extême-Orient, s'ajoute la transformation et le commerce de fils chimiques. Elle développe le commerce de soies et tissus principalement avec l'Orient (Syrie), la Chine (Shanghai) et le Japon (Yokohama), mais aussi l'Europe de l'Est (Bulgarie, Yougoslavie) et du Sud (Italie, Cévènnes). Cessant son activité en 2013, l'entreprise aura vécu plus de deux siècles.

La famille Morel-Journel

Ennemond Morel (1847-1934), fils aîné de Joseph-Hilaire Morel et de Fanny Paulinier, est né à Lyon le 22 avril 1847. Entré dans la maison Arlès-Dufour & Cie, qui occupait alors la première place à Lyon dans le commerce des soies et soieries, il devient l'un de ses plus utiles collaborateurs. De 1872 à 1875, il est correspondant pour les affaires de filatures et d'ouvraisons en Italie. Le 25 octobre 1875, il épouse Albine Journel[2], fille de Charles Journel, juge d'instruction à Lyon, dont il aura quatre enfants. Il effectue plusieurs voyages à Milan, Londres et New-York dans les années 1880. Le 23 juillet 1883, il est nommé directeur général de la société « Les Successeurs d'Arlès-Dufour et Cie », qui entre en liquidation le 28 février 1885. Le 1er mars 1885, il fonde avec ses amis Auguste Chabrières, petit-fils d'Arlès-Dufour, et Victor Bizot, la maison Chabrières, Morel & Cie qui prend la place de premier rang à Lyon dans le commerce de la soie, et à Marseille dans le commerce d'importation et d'exportations générales. Les affaires d'Ennemond Morel lui ouvrent la plupart des institutions lyonnaises. Il est nommé vice-président de la Chambre de Commerce de Lyon, administrateur de la Banque de France, membre du conseil de direction de la Caisse d'Epargne du Rhône, président du syndicat des Marchands de soie, président du conseil des Magasins généraux de Lyon et de Marseille, président de la Société d'Economie politique, président de la Société des Amis de l'Université, vice-président de la Société de Géographie, et membre de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon. De ses activités d'érudit, on retient surtout son goût pour les arts décoratifs et l'Orient. Il préside la commission du Musée des tissus et Arts décoratifs de Lyon de 1909 à 1932. Il publie diverses brochures dont la plupart sont des communications à la Société d'Economie politique et à l'Académie :

La fabrique lyonnaise et le débouché des Etats-Unis, Lyon, Bonnaviat, 1887 ;
Les services hospitaliers à New-York, Lyon, Bonnaviat, 1888 ;
Le bill Mac Kinley, Lyon, Bonnaviat, 1892 ;
La crise actuelle en Sicile, Lyon, Bonnaviat, 1894 ;
Le Meeting de l'Association franco-écossaise à Edimbourg, compte rendu de la séance de l'Université de Lyon, Lyon, Storck, 1898 ;
L'influence française dans le Levant, Lyon, Bonnaviat, 1900 ;
La situation économique du monde à la fin de 1903, Chronique économique du monde en 1904, La situation économique du monde en 1905, rapports présentés aux séances de la Société d'Economique politique, Lyon, Bonnaviat, 1903, 1904, 1905.
Henry Morin-Pons, Lyon, Rey, 1906;
Les origines florentines de l'industrie de Lyon, discours de réception à l'Académie de Lyon, Lyon, Rey, 1908 ;
Notes sur la Turquie, le Caucase et le Turkestan, rapport à la Chambre de Commerce, Lyon, Rey, 1909 ;
Les monuments de Samarcande et les ruines dans l'Asie centrale, communication à l'Académie de Lyon, Lyon, Rey, 1909 ;
Quelques notes d'archéologie et d'histoire sur la région de Samarcande, communication à l'Académie de Lyon, Lyon, Rey, 1911 ;
Sur quelques inscriptions assyriennes, communication à l'Académie de Lyon, Lyon, Rey, 1912.

Henry Morel-Journel (1876-1955), fils aîné d'Ennemond et d'Albine Journel, est né au château de Lenclos, la propriété familiale en Isère le 25 septembre 1876. Il fait ses études à Lyon au Lycée Ampère, et à la faculté de Lettres où il obtient sa licence en 1896. Après des études à HEC et un séjour de trois ans à l'étranger en Angleterre, Italie, Suisse et aux Etats-Unis, où il fait son apprentissage des affaires, il revient en 1900 à Lyon auprès de son père qui lui transmet une liste de fabricants de soieries à visiter. Il devient en 1907 avec Ennemond Morel et Victor Bizot l'un des trois associés de la maison Chabrières, Morel & Cie. En 1906, il est nommé administrateur de la Caisse d'Epargne du Rhône. Le 8 mai 1901, il épouse Thérèse Gindre, fille de Claude Gindre, président de l'association de la soierie lyonnaise, chevalier de la Légion d'honneur, et de Zoé Payen. Suivant les traces de son père, il est nommé vice-président de la Chambre de Commerce de Lyon, administrateur de la Banque de France, président du syndicat des Marchands de soie, président de la Société d'Economie politique de Lyon pour laquelle il publie de nombreux articles. Ses conférences en économie les plus célèbres dans les années 1929-1930, en particulier « Les leçons de la crise et le retour au bon sens » (1933), auront un retentissement international dans la presse en Europe et aux Etats-Unis.

Hugues Morel-Journel (1907- 1997), troisième enfant et fils aîné d'Henry Morel-Journel et de Thérèse Gindre, est né à Lyon le 5 avril 1907. Après avoir travaillé en tant que collaborateur chez Chabrières, Morel & Cie, il devient président de la Société Lyonnaise du Textile à Décines, président de l'Union des marchands de soie, président de la CCI du Rhône de 1957 à 1960, président de l'AIS de 1957 à 1970.            

Histoire de la conservation

Les archives du fonds Morel-Journel & Cie étaient conservées au siège social de l'entreprise, 20 rue Joseph Serlin, dans des armoires et des bibliothèques réparties sur cinq pièces différentes, deux niveaux et un sous-sol. Les documents concernant « Les Successeurs d'Arlès-Dufour & Cie » se trouvaient en bas de l'escalier du sous-sol, dans un coffret métallique au bas de la bibliothèque. Une partie des archives du fonds Morel-Journel & Cie (environ 6 mètres linéaires) appartenait au fonds de la Société lyonnaise de textile (1923-1959) dont Christian Morel-Journel avait déjà réalisé un premier versement aux Archives départementales du Rhône en octobre 2006 (voir la sous-série 181 J).

Modalités d'entrées

La société Morel-Journel & Cie, fondée en 1811, a cessé son activité au 30 juin 2013. Elle avait été contactée en 1992 par les Archives départementales et François Robert, chargé de recherches au CNRS pour réaliser le récolement des archives de la société à l'occasion de la réalisation du guide des archives d'entreprises en Rhône-Alpes. Son directeur, Christian Morel-Journel, avait alors promis de contacter les Archives départementales du Rhône en cas de fermeture de l'entreprise. En vertu de cette promesse, le fonds a été donné le 25 avril 2013 par Christian Morel-Journel au département du Rhône et de la Métropole de Lyon. La collecte a pu avoir lieu les 31 mai et 14 juin 2013. Lors de ces deux opérations, environ 50 mètres linéaires d'archives ont été collectées dans les locaux de l'entreprise.

Présentation du contenu

Le fonds 242 J Morel-Journel conserve les archives de la maison de soieries lyonnaise depuis son origine à sa dissolution en 2013. Il est composé des archives des anciennes sociétés Arlès-Dufour & Cie (1811-1885) et Chabrières Morel & Cie (1885-1929) reprises par Morel-Journel & Cie (1930-2013). Les archives de la famille Morel-Journel sont conservées dans une seconde grande partie. Elles sont composées des activités d'Ennemond et Henry Morel-Journel à la Chambre de Commerce de Lyon, à la Commission du Musée historique des tissus et à l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon. Hormis quelques papiers de famille que M. Morel-Journel souhaite récupérer, ces archives sont un complément essentiel à la lecture du contexte culturel et économique de l'entreprise.

Le chercheur trouvera dans le fonds des établissements Morel-Journel & Cie des sources pour l'histoire économique et sociale du textile dans la région Rhône-Alpes, en particulier des sources sur l'histoire de la soierie lyonnaise de la fin du XIXe au XXe siècle. Société d'étude du marché de la soierie, Morel-Journel & Cie dispose à ce sujet d'une série complète de statistiques de production et de consommation de la soie grège à l'étranger. Il est possible d'étudier l'évolution des cours des prix de la soie grège et des textiles sur la place de Lyon entre les années 1848 aux années et 2000. Ces statistiques sont conservées dans des registres de circulaires mensuelles et sur de grands panneaux explicatifs illustrés de courbes et de diagrammes.

L'histoire de l'entreprise commence par son origine, sa structure et l'évolution de son capital. Société en commandite par actions, Chabrières, Morel & Cie naît en 1885 de la volonté de trois associés, Auguste Chabrières, Ennemond Morel et Victor Bizot, de sauver l'entreprise familiale de la faillite. Ces informations sont conservées dans les actes de société et leurs modifications, les listes d'actionnaires et leurs participations. Ces documents permettent d'observer l'évolution du capital de la société jusqu'à la scission en 1929 de Chabrières, Morel & Cie à Marseille et de Morel-Journel & Cie à Lyon.

L'évolution de l'entreprise est ensuite bien documentée à travers les procès-verbaux des assemblées générales, en particulier les rapports du conseil d'administration et ses comités ou commissions. On peut y lire les principales décisions qui ont orienté la vie de l'entreprise, avec l'exposé de leurs motivations. Les notes du comité de direction de la Société lyonnaise de Textile « Fil de Lyon » sont beaucoup plus intéressantes sur la vie des usines de Décines et ses cités ouvrières, que les procès-verbaux d'assemblées générales qui se bornent à entériner des décisions administratives et à clôturer l'exercice comptable de l'année écoulée.

Certaines archives peuvent intéresser l'histoire sociale de l'entreprise comme les registres du personnel et la tenue de livres d'embauche, rendue obligatoire à partir de 1854. Ils fournissent des informations sur l'origine, l'âge et la mobilité des employés de la maison Chabrières, Morel & Cie, et Morel-Journel & Cie. Les livres de paies renseignent sur le salaire des employés et des cadres de l'entreprise, leur qualification et le nombre d'heures travaillées par jour. Une plaque de marbre commémorative demeure une des rares sources sur le personnel mobilisé de la maison Chabrières, Morel & Cie durant la guerre de 1914-1918 (ill.). On trouvera aussi des rapports d'Henry Morel-Journel à la Société d'Economie politique de Lyon sur le logement ouvrier après l'hécatombe de la guerre.

C'est surtout dans l'histoire des techniques de fabrication de tissus que les archives de l'entreprise Morel-Journel & Cie se révèlent passionnantes. Le chercheur se tournera vers les comités de direction pour analyser les enjeux de La Bataille de la soie dans les années 1930. Il y découvrira les raisons de protéger la soie naturelle par une loi spéciale devant l'apparition de nouvelles matières comme la rayonne (ou viscose). Il disposera d'une véritable bibliothèque de documentation sur l'histoire de la soierie depuis l'ancien Régime, sur l'industrie de la schappe et de la rayonne en France et en Angleterre, et sur différentes maisons de confection et de moulinages.

La correspondance abondante couvre la fin du XIXe jusqu'au XXe siècle. De nombreuses illustrations, photographies et cartes postales documentent l'industrie de la soie vers 1900 dans les différents pays visités par les associés de Chabrières, Morel & Cie en Amérique, en Europe, en Orient et en Extrême-Orient. Le travail des femmes et des enfants au triage dans les coconnières d'Europe centrale (Hongrie, Serbie) est très représenté.

Trois photographies ont été prises au siège social de la société Chabrières, Morel & Cie en 1900. Leur très bon état de conservation donne un aperçu du travail quotidien des employés au début du siècle, depuis la réception des balles de soie grège, le contrôle de la qualité des flottes et leur enregistrement.

Évaluation, tris et éliminations, sort final

Ce fonds n'a fait l'objet d'aucune élimination.

Accroissements

Ce fonds n'est pas susceptible d'accroissement.

Mode de classement

Les archives ont été classées en deux grandes parties. La première réunit les archives de l'établissement Morel-Journel & Cie. Celui-ci conserve l'activité des anciennes sociétés, Arlès-Dufour & Cie (1811-1885), Chabrières, Morel & Cie (1885-1929) reprises par Morel-Journel & Cie (1929-2013). Pour chacune des périodes de la vie de l'entreprise, le classement suivant a été retenu :

Constitution de l'affaire
Conseils et assemblées
Direction générale
Correspondance
Domaine et patrimoine
Services financiers
Comptabilité
Achats
Ventes
Services Commerciaux
Personnel
Contentieux

La seconde partie rassemble les archives de la famille Morel-Journel, en particulier celles d'Ennemond Morel, Henry et Hugues Morel-Journel.

Conditions d'accès

Les conditions de communication sont libres pour tous les documents de plus de vingt-cinq ans, sauf pour ceux dont la divulgation peut porter atteinte à la vie privée. Pour ces derniers le délai de communicabilité est porté à cinquante ans.

Conditions d'utilisation

Les conditions de reproductions sont "libres pour les professionnels (historiens, universitaires) et pour les archivistes".

Langue des unités documentaires

Français, anglais, néerlandais, italien, espagnol, allemand, japonais, chinois.

Caractéristiques matérielles et contraintes techniques

Les archives papiers représentent la majeure partie du fonds Morel-Journel. Il contient également des photographies ainsi qu'une plaque de marbre à la mémoire des employés morts durant la Première guerre mondiale.

Autre instrument de recherche

François Robert, chargé de recherche au CNRS a réalisé un premier récolement des archives de la société à l'occasion de la réalisation du guide des archives d'entreprises en Rhône-Alpes en 1991. Il est introduit par Éric Montat, attaché de conservation du patrimoine. En 2013, lors de l'arrivée du fonds dans les locaux des Archives départementales du Rhône, Mohamed Zaïm a établi un second récolement.

Existence et lieu de conservation des originaux

Archives du département du Rhône et de la métropole de Lyon.

Informations sur le traitement

Le fonds a été traité en 2016 par Marine Kohler, stagiaire en master 2 archives. Diverses modifications ont été apportées à l'introduction et au corps de l'instrument de recherche par Adeline Chanellière lors de la reprise de ce fonds de septembre 2016 à mars 2017.