Le Service social des étrangers trouve son origine dans la loi du 27 septembre 1940 qui prévoit l'incorporation, dans des formations de travail, des étrangers hommes âgés de 18 à 55 ans, et qui instaure le secours pour eux et leurs familles. Le service est placé sous la tutelle du Commissariat à la lutte contre le chômage. Le 19 février 1941 Gilbert Lesage est choisi pour créer le service qui prend le nom de service social des formations d'étrangers (mai 1941). Il devient service social des étrangers (SSE) le 1er janvier 1942 lorsque ses attributions ne concernent plus seulement les travailleurs étrangers mais tous les étrangers réfugiés. Le 1er janvier 1943 il change de nom pour s'appeler service du contrôle social des étrangers. Il sera supprimé le 25 juin 1944.

Le service avait sa direction à Vichy et disposait de cinq délégations régionales à Toulouse, Clermont-Ferrand, Montpellier, Marseille et Lyon, et de 16 équipes interdépartementales ou départementales.

Il dirigeait également des centres d'accueil pour les étrangers.

Pour plus de détails sur le service social des étrangers et plus largement sur l'assistance portée aux étrangers pendant la période de la 2e guerre mondiale ainsi que sur la rafle du 26 août 1942 voir la bibliographie.

Les documents qui constituent le versement 6256W proviennent de Léon Froment, chef d'une équipe interdépartementale du service social des étrangers à Lyon,  qui les a très vraisemblablement  récupérés et gardés alors qu'il y avait accès dans le cadre de ses fonctions.

Léon Eugène Froment est né le 10 avril 1889 à Mirecourt dans le département des Vosges et est décédé le 14 juillet 1973 à Fraize (Vosges). Aviateur pendant la première guerre mondiale il obtient la Croix de guerre et termine la guerre avec le grade de capitaine d'aviation. Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1925.

Après la première guerre il fait une carrière de journaliste pendant 15 ans puis intègre les services du ministère du Travail à la préfecture des Vosges à Epinal tout en étant commandant d'une base aérienne. Il est à nouveau mobilisé en 1939, et après l'armistice, il s'installe à Lyon où il trouve un poste au service du Travail auprès de la préfecture du Rhône. Ces fonctions l'amènent à devenir chef de l'équipe interdépartementale du service social des étrangers (SSE) de la région de Lyon pendant les années de guerre. A ce titre, il est au cœur des mesures prises pour assister et accompagner les personnes étrangères et principalement les Juifs étrangers victimes de la rafle du 26 août 1942 et internées dans les différents centre d'internement de la région Rhône-Alpes puis au camp de Vénissieux avant le transfert à Drancy en zone occupée puis la déportation.

Ces documents ont été remis aux Archives départementales en 2022, par un collectionneur qui les a trouvés en vente dans une brocante.

A travers cet ensemble de documents rassemblés par Léon Froment, on peut saisir l'organisation de la rafle du 26 août 1942 dans la région Rhône-Alpes par les services de police et de la préfecture dans les instructions et télégrammes de la fin juillet au 26 août 1942 ; puis l'activité du SSE : instauration de listes de personnes regroupées dans les différents centres d'internement et centre d'accueil du SSE, organisation de ces internements et fonctionnement de ces camps avant et après le 26 août 1942. Le plus grand nombre de documents concerne l'internement au camp de Vénissieux avant le départ en zone occupée puis la déportation.

A côté de ces documents du Service social des étrangers on trouve des documents privés de Léon Froment : note, discours, état de services militaires, articles de presse, 3 petits carnets répertoires contenant notamment les noms, adresses et numéros de téléphone de personnes du service social des étrangers et d'autres services ou organismes administratifs ou d'assistance.

Documents librement communicables.