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Cote/Cotes extrêmes
Date
Organisme responsable de l'accès intellectuel
Description physique
Histoire de la conservation
Les fonds ici présentés sont entrés pour partie par voie de séquestre lors de la Révolution française, pour partie par don ou acquisition au XIXe s.
Le cadre de classement des archives départementales a été défini pour la première fois par une circulaire du 24 avril 1841. Celle-ci prescrivait de regrouper en série E les titres féodaux et les titres de famille saisis chez les émigrés, les déportés et les condamnés sous la Révolution. Ils devaient être classés par ordre alphabétique des noms des familles en une seule série. Mais, dans le Rhône comme dans toute la France, les archivistes utilisèrent aussi la série E « famille » comme une série « ouverte » pour placer les fonds entrés par voie de don ou d'acquisition, voire les documents individuels récupérés lors de collectes ultérieures (notamment dans les fonds judiciaires d'Ancien Régime). Ils mêlèrent ainsi des documents dont le mode d'entrée était très différent.
Ce n'est que beaucoup plus tard qu'on jugea nécessaire de coter de manière distincte les fonds donnés, achetés ou déposés, en instituant (circulaire du 15 avril 1944) la série J. Depuis lors, la bonne pratique archivistique impose de réserver la série E aux titres saisis pendant la Révolution (circulaire AD 98-8 du 18 décembre 1998). Ces dernières dispositions, cependant, sont arrivées trop tard pour qu'on puisse se permettre de revenir en arrière.
Si on voulait se conformer strictement à la réglementation, il faudrait en effet retirer de la série E tous les fonds de familles qui y sont entrés autrement que par saisie, pour les transférer en série J : René Lacour, archiviste du Rhône entre 1946 et 1976, semble avoir songé à un tel transfert, puisque dans son projet de Guide des archives du Rhône il présente les fonds de familles cotés en série E, dans le chapitre consacré à la série J ; mais il ne mit pas ce projet à exécution, et ses successeurs pas davantage. Cette opération considérable risquerait davantage de perturber les chercheurs puisqu'une partie de la série dispose d'un inventaire imprimé depuis le XIXe siècle et que les cotes ont été plusieurs fois citées ; de plus, son résultat serait de toute manière peu satisfaisant puisque, pour de nombreux fonds et documents, il est difficile de déterminer quand et comment ils sont entrés aux Archives départementales : on ne dispose de rapports d'activité satisfaisants qu'à partir de la fin du XIXe siècle. Ajoutons que dans l'intérêt des chercheurs, mieux vaut sans doute consacrer le temps et l'énergie des équipes à mettre de l'ordre dans des fonds non encore classés, plutôt que de désorganiser des ensembles déjà inventoriés.
Dans ces conditions, on a maintenu dans la sous-série 1E la plupart des fonds et documents qui y avaient été intégrés jusqu'ici, y compris ceux pour lesquels on sait de manière certaine qu'ils ne sont entrés qu'au cours du XIXe siècle.
Présentation du contenu
1 E 1-2999 (en partie). Fonds de familles et de seigneuries : titres de familles, titres domaniaux, procédures.
Les familles concernées sont les suivantes : Béraud-Amyot, seigneur de Bully, et familles d'Albigny et de Thorigny; Claude Bourbon, seigneur de Saint-Fonds et Limas; Chappuis, seigneurs de Condrieu; baronnie de Chasselay, familles Polverel et Regnauld; Châteauneuf de Rochebonne et alliés: La Baume de Suze, Laire, Oingt, Fougères, Montdor; Colabeau de Juliénas et alliés: Janin; Couzan et Lévis; Françoise Courvet, épouse de Jean Dussieux; Cuzieu et Saint-Lager et alliés: Laire, Crussol, Denis, Laye, Chardonnay, Jourdan et Berthelon de Brosses; Démia; Froment d'Argilliers, baron de Castille; Gagnières de Souvigny; Gervais, seigneurs de Combefort, Courbeville et Rapetour; Giraud de Varennes; Guillon de la Chaux; Jossard, coseigneur de Châtillon d'Azergues; Jussieu, seigneurs de Montluel; seigneurie de La Chassagne, familles d'Assier, de Marzé, Benoît; La Poype en Dauphiné; Loras, seigneurs de Pollionnay, et alliés : Du Pré, David; Margaron de Saint-Vérand; Maugiron et Pierregourde; Mignot de Bussy et alliés: Gaspard du Sou, Bussière, seigneurs de Lacenas; baronnie de Gourdans, familles Pillehotte et Montolivet; Peysson de Bacot et alliés: Testenoire, Sarron, Sacconay, André, Boyer, Quarré; Phélines, seigneurs de la Chartonnière; Pianello de Mascranny, seigneurs de la Valette; Pingon de Prangin; Pomey, seigneurs de Rochefort; Saint-Priest et Chalus; Sainte-Colombe et prédécesseurs: Luzy, Bussières, Busseul, Semur, seigneurs de l'Aubépin et de Sarry; Simiane, branche des seigneurs de Montcha; famille Taillandier et alliés : Bord, Michon; Vallin, seigneurs de Rosset et d'Hières; Varennes, seigneurs de Rapetour, Gleteins et Saint-Olive, et prédécesseurs : Palatin de Dyo (1214-1805).
Mode de classement
1. Le classement des fonds à l'intérieur de la sous-série 1E
Le classement de la sous-série 1E s'est effectué en deux étapes principales.
1°. L'inventaire Gauthier et son complément
En 1864, 2388 articles ont été classés par Jean-Prosper Gauthier sous les cotes E-Familles 1-2388 ; la description analytique de ces articles figure dans l'inventaire imprimé des séries A à E des Archives du Rhône : Gauthier (Jean-Prosper), Inventaire sommaire des archives civiles (séries A à E), Paris, 1864.
Le fonds des papiers de familles est classé par ordre alphabétique de Achard à Pingon de Prangon. Ce travail est resté inachevé, puisqu'il ne décrit pas les papiers de familles de R à Z. En 2006, à la faveur du reconditionnement des archives, plusieurs articles relatifs à la famille de Pingon et déjà décrits par Gauthier ont été redécouverts et ont été cotés logiquement E-Familles 2389-2397.
Ces 2397 articles constituent la première partie de la sous-série 1E ; leur cotation réglementaire est désormais 1E 1 à 2397. On y trouve, cotés dans l'ordre alphabétique strict, des fonds constitués et des pièces isolées.
2°. Les entrées complémentaires du XIXe et du XXe siècle
Lorsqu'il succéda à Jean-Prosper Gauthier, Claude Guigue, archiviste départemental entre 1877 et 1889, constata que l'inventaire de la série E « Familles » avait été entrepris sans que tous les fonds aient été classés. Il suspendit donc l'impression de l'inventaire pour entreprendre l'identification des fonds et put constater, par exemple, que certains fonds n'avaient été que partiellement classés par Gauthier.
George Guigue, son fils et successeur, archiviste départemental de 1889 à 1926, puis Claude Faure, qui resta en fonctions jusqu'en 1940, poursuivirent les classements.
Dans son rapport d'activités de 1888, Claude Guigue décrivait ainsi dans la partie non inventoriée, pour la série E (familles), 223 cartons, 1 liasse et 64 registres (terriers) ; il y ajoute 6 cartons, 1 liasse et 2 registres intéressant la féodalité et relatifs à la vicomté d'Oingt et au marquisat de Miribel. Dans son rapport de 1897, Georges Guigue précise : « Il a été procédé au dépouillement des papiers de la famille de Châteauneuf de Rochebonne et de celles qui s'y rattachent : Pierregourde, Maugiron, Simiane-Montchat, Saint-Priest etc. » On conserve ainsi quelques notes manuscrites de Georges Guigue à l'occasion de ces travaux (Arch. dép. Rhône, 3 T 85).
Ce faisant, Claude et Georges Guigue principalement, mais aussi Claude Faure, mêlèrent aux titres de familles qui restaient à classer dans la série E d'autres documents, entrés par dons ou acquisitions, voire classés dans d'autres séries.
Pour identifier cet ensemble qui prenait de l'importance et dans lequel il devenait de plus en plus difficile de se retrouver, Gustave Duhem, archiviste-adjoint, décida de coter les dossiers de manière provisoire par la cote « EP » (E provisoire), en reprenant l'ordre alphabétique adopté par Gauthier au siècle précédent. A la suite, François Blanchet, également archiviste-adjoint, poursuivit cette cotation, mais sans respecter l'ordre alphabétique, complétant la sous série jusqu'en EP 524. De nouvelles cotes furent encore ajoutées par la suite, portant la série jusqu'au numéro EP 546.
Enfin, en 2013, pour préparer le déménagement des Archives du Rhône et sous la direction de Benoît Van Reeth, archiviste départemental de 2003 à 2014, les pièces encore en vrac et non cotées furent conditionnées rapidement et cotées provisoirement en sous série 53 DEM 1-13.
Cet ensemble (EP 1 à 546 et 53 DEM 1 à 13) a été complètement repris en 2016-2018 pour former la deuxième partie de la sous-série (1E 2400 et suivants). Les deux cotes vacantes (1E 2498 et 1E2499) matérialisent les deux étapes du classement. Quelques pièces qui avaient été cotées par Gauthier dans la première partie ont été déplacées pour rejoindre le fonds auquel elles appartenaient mais on s'est efforcé de limiter le plus possible ce type de mouvements.
A l'occasion de ce reclassement, deux ensembles acquis au XIXe s. et n'intéressant pas directement le Lyonnais, le Beaujolais ou les provinces voisines du Forez et du Dauphiné ont été transférés dans d'autres services : il s'agit des papiers de la famille Fouchier intéressant la terre de l'Étoile (archives du Jura) et de ceux de la seigneurie de Masaribal (archives de la Lozère).
Compte tenu de ces aléas de classement, l'instrument de recherche aujourd'hui proposé est méthodique. Il présente les fonds de familles constitués. Les pièces isolées, en cours de reclassement et de vérification, feront l'objet d'un deuxième instrument de recherche.
2. Le classement des dossiers à l'intérieur de chaque fonds
Les fonds de famille sont normalement classés selon un plan type largement appliqué dans les services d'archives (Direction des archives de France, Les archives privées, dir. C. Nougaret et P. Even, 2008) :
Archives familiales
Documents généraux : généalogies, titres honorifiques
Documents relatifs à chaque individu, en suivant la généalogie
Archives domaniales et seigneuriales
Titres de propriété
Droits seigneuriaux: banalités, guet, péage, tailles, corvées, bans
Fondations de chapelle
Droits féodaux : hommages, aveux, terriers, lièves
Droits fonciers
Ce plan type n'a cependant pas été adopté de manière systématique pour plusieurs raisons. En premier lieu, les premiers classements ont été effectués à une époque où la doctrine archivistique n'était pas encore aussi élaborée, et c'est souvent un ordre strictement chronologique qui a été retenu par Jean-Prosper Gauthier, mais aussi par ses successeurs (Claude Faure pour le fonds Chappuis) ; il était vain de revenir dessus. De plus, dans certains cas, seuls certains types de documents sont représentés (ainsi pour la famille de Pomey : on ne dispose que de terriers). Enfin, pour les classements réalisés en 2016-2018, on a voulu tenir compte des classements déjà existants, à la fois par souci d'efficacité et pour rendre compte de l'histoire des fonds. Ainsi a-t-on respecté l'ordre des inventaires anciens existants, lorsqu'ils sont conservés (Pierregourde, par exemple), ou le classement strictement chronologique des actes, qu'il s'agisse d'archives familiales, domaniales ou seigneuriales, lorsqu'il avait déjà été adopté.
Conditions d'accès
Librement communicable.
Autre instrument de recherche
Les cotes 1 E 1 à 2397, comprenant une partie des fonds de famille ici décrits, ainsi que des pièces isolées, sont également décrites dans l'inventaire analytique imprimé, consultable en salle de lecture : Gauthier (Jean-Prosper), Inventaire sommaire des archives civiles (séries A à E), Paris, 1864.
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Cote/Cotes extrêmes
Date
Biographie ou Histoire
Les familles sont unies par suite du mariage, en 1790, de Charles-Aimé-Ovide Denis de Cuzieu (1764-1848) et Suzanne-Christiane d'Affaux de Glattas (1770-1825), qui avait hérité de la seigneurie beaujolaise de Saint-Lager : elle portait le titre de dame-baronne de Saint-Lager, transmis à son mari, appelé le baron de Cuzieu, et à sa descendance.
On trouve donc d'une part les archives de la seigneurie forézienne de Cuzieu, possédée successivement par les familles de Laire, de Flageac, de Crussol et Denis de Cuzieu, avant d'être vendue par ces derniers au XIXe siècle ; et d'autre part celles de la seigneurie beaujolaise de Saint-Lager, possédée successivement par deux familles : la famille de Laye, puis son rameau de Chardonnay ou de Chardonnaye de Laye ; puissuite à la saisie et l'adjudication le 5 novembre 1683 des biens d'Antoine de Chardonnay de Laye, la famille Jourdan et ses uniques descendants : les Berthelon de Brosses, d'Affaux de Glattas et les Denis de Cuzieu qui s'y établirent au XIXe s.
Notes
L'orthographe des noms varie au fil du temps. Nous trouvons parfois « Cuzieu » terminé par un « x ». Concernant les Berthelon de Brosses, « Brosse » se présente autant avec, que sans « s » final. Pour les d'Affaux, les anciennes formes sont « d'Affault » ou « Daffault » rapidement devenu « Daffaux » qui ensuite coexitera longtemps avec « d'Affaux » et parfois même « d'Affeaux » (c'est ainsi qu'Antoine Gabriel est majoritairement listé parmi les victimes de la Révolution française à Lyon). Concernant le fief lyonnais de Glattas, c'est encore moins fixé : « Glata », « Glatta » ou « Glattas » qui semble être la dernière forme la plus couramment établi.
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Cote/Cotes extrêmes
Date
Biographie ou Histoire
Plusieurs familles possédèrent successivement cette seigneurie forézienne.
Famille Meys de Cuzieu. Un rameau cadet de la famille de Meys, en Forez, « s'installa vers 1250 au château de Cuzieu, prospéra par d'heureux mariages et ne s'éteignit qu'en 1361 » (Perroy, Familles nobles du Forez, I, p. 531). Lorsque Girard de Cuzieu et sa femme Béatrice de Verney moururent sans postérité, après 1358, son oncle, Guillaume de Meys, hérita de la seigneurie de Curieux et d'Unias, mais pour peu de temps. En effet, il testa en 1361 et désigna pour héritier son neveu Pierre de Salsat, fils d'une des sœurs qui avait épousé Hugues de Salsat.
Famille de Laire. Pierre de Salsat n'eut pas davantage de postérité ; avant 1388, c'est sa sœur, Béatrice de Salsat, qui reçut de son
frère la seigneurie de Cuzieu (Perroy, familles nobles du Forez). Elle avait épousé Robert de Laire, seigneur de Cornillon, et c'est
donc la famille de Laire qui entra en possession de la seigneurie. Après la mort de Guyon de Laire, les terres revinrent à sa sœur
Anne de Laire († 1506, testament dans le fonds) qui avait épousé en 1474 Jean Mitte de Mons, seigneur de Chevrières (1450-1499).
Ce ne fut pas leur fils aîné, Louis († 1529, marié à Madeleine de Crussol) qui hérita d'abord des biens d'Anne de Laire mais le
cadet Pierre, mort sans postérité (testament de 1528 dans le fonds), puis son frère Jean, abbé commendataire de Clérac († 1533). Ce
n'est qu'ensuite que la seigneurie fit retour à la branche aînée : Antoine, fils de Louis, qui reprit le nom de Laire (Perroy, Familles
nobles, p. 558-559).
Famille de Flageac. Gaspard de Laire de Cuzieu étant mort sans postérité (testament de 1575 dans le fonds), il institua héritière universelle sa sœur Louise de Laire. Elle avait épousé Pierre de Flageac, chevalier de l'Ordre du Roi, et testa en sa faveur en 1576. La seigneurie passa donc à cette famille. Marguerite de Flageac (1595-1661), fille de Pierre de Flageac et de sa deuxième épouse Marguerite Rostaing, portait le titre de marquise de Cuzieu ; elle épousa Christophe d'Apchier en premières noces et, en 1632, en deuxiqmes noces, Emmanuel de Crussol (né en 1587, † 1657) (La Chesnaye-Desbois).
Famille de Crussol. Le fils d'Emmanuel de Crussol et de Marguerite de Flageac, Armand de Crussol, comte d'Uzqs († 1693) épousa en 1644 Isabelle de Veyrat de Paulian (contrat dans le fonds). Ils eurent un fils, François, décédé sans postérité et sur lequel fut saisie la seigneurie de Cuzieu, adjugée en 1706-1707 à Pierre Presle de l'Escluse, échevin de Lyon en 1709 et 1710, conseiller et secrétaire du Roi en la cour des monnaies de Lyon († 1726). Celui-ci la vendit à Barthélemy Jean-Claude Pupil, premier président en la cour des monnaies de Lyon, lieutenant général en la sénéchaussée et siège présidial de la ville, qui lui-même la vendit, le 28 février 1735, à Blaise Denis, ancien échevin de Lyon, et Benoît Denis écuyer, son fils (liasse n° 66).
Le 28 avril 1735 à Versailles est signée par le roi Louis XV la Lettre du don de droit de prélation en faveur des sieurs Denis père et fils (archives privées : parchemin original).
Famille Denis de Cuzieu. A la suite de cette acquisition, la famille Denis prit le nom de « Denis de Cuzieu ». Blaise Denis de
Cuzieu (1667-1748) avait épousé en premières noces en 1689 Dimanche de Saint-Bonnet (1660-1720), puis en secondes noces en 1723 Françoise Imbert (1684-1763) (famille Imbert dont sera issu plus tard le premier échevin, Jacques Imbert-Colomès, fervent monarchiste, célèbre à Lyon pour sa résistance aux idées de la Révolution). Après avoir été Trésorier-Recteur de la Charité pendant deux mandats de deux ans en 1725-26 et 1727-28, Blaise Denis avait été échevin de Lyon en 1733-34 (deuxième prévôté de Camille Perrichon). En récompense de ses imminents services, il reçut des Lettres d'honneur à sa sortie de charge consulaire (archives privées : lettres originales sur papier entoilé). La réponse de Blaise à ses pairs en remerciements des honneurs reçus, fut courte et concise : "No ne venons u mondo que per muri. No n'entran en charge que per en sorti. Adieu vo dis ; bonsor la compagnie" (diverses sources, notamment l'Armorial des Bibibliophiles de Lyonnais, Forez, Beaujolais et Dombes par Poidebard, Baudrier et Galle, 1907, page 172, AML).
Il fit construire par Germain Soufflot, le premier Hôtel de Cuzieu, à Lyon, au 12 rue Neuve, en 1740 : cet immeuble est marqué par l'esprit de Delamonce avec lequel Soufflot a débuté à Lyon (archive privée : correspondance avec Denis Reynaud et Marynannick Lavigne-Louis de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon). Si après lui, tous ses descendants s'installèrent place Louis-Le-Grand (Bellecour) ou au sud de celle-ci, le vieil échevin Blaise Denis ne voulut jamais quitter son quartier (celui des négociants de la Fabrique) et la paroisse de Saint-Nizier où fut d'ailleurs célébrées ses funérailles en 1748.
De son mariage avec Dimanche de Saint-Bonnet, cinq garçons étaient nés : quatre moururent jeunes ; le seul qui a vécu se prénommait Benoit et a été baptisé en 1695. Benoît Denis de Cuzieu (1695-1777), acquéreur avec son père de la terre et seigneurie de Cuzieu en 1735, avait épousé en 1721 Catherine Rousseau († 1757), fille d'Aimé Rousseau, écuyer, et de Marie Palerne (les Denis de Cuzieu étaient ainsi cousins à la fin du XVIIIe siècle avec le premier maire élu de Lyon Zacharie Palerne de Savy).
Benoit Denis de Cuzieu fit construire en 1759 l'Hôtel de Cuzieu, à Lyon, au 28-30 rue Saint-Hélène (sources : Histoires, légendes et anecdotes à propos des rues de Lyon, par Louis Maynard ; Vieilles Pierres Lyonnaises et Le Lyon de nos Pères, par Emmanuel Vingtrinier - BML). Cet hôtel particulier a été restauré par l'architecte parisien Jean Michel Wilmotte en 2007 pour le compte de son nouveau propriétaire privé. Deux précisions concernant le porche de cette demeure privée du XVIIIe siècle :
Le porche actuel n'est pas celui d'origine : la construction initiale avec un gros blason de forme ovale aux armes des Cuzieu a été démolie dans une volonté d'élargissement de la rue et reconstruit en retrait par les propriétaires au dernier tiers du XIXème siècle (la famille Peillon). La pierre gravée aux armoiries est restée longtemps posée dans un angle de la cour de l'hôtel particulier. Avant 1914, sa situation d'abandon dans cette cour était encore visée. L'église d'Unias (département de la Loire) porte en haut de sa façade le blason de la famille Denis de Cuzieu, ce qui est cohérent dans la mesure où les biens seigneuriaux des Denis en Forez étaient « de Cuzieu d'Unias et d'autres lieux ». Cette pierre gravée semble néanmoins constituer une insertion bien postérieure à la réalisation de la façade : son ajustement n'est pas parfait car la base rectangulaire de la pierre dépasse du crépi. Une telle position d'armoiries sur un lieu de culte est par ailleurs inhabituelle : une hypothèse serait que la clef de voute armoriée du portail originel de l'Hôtel de Cuzieu aurait été repositionnée sur la façade de l'église d'Unias au début du XXe siècle.
Il manque les deux pots-à-feu du portail XIXe siècle restauré par Wilmotte : ceux-ci ont été volés lors des travaux de 2007.
Jean-Blaise Denis des Boyrons de Cuzieu, fils du précédent, chevalier (1732-1793), épousa en 1760 Jeanne-Marie Dareste de Bouvesse (1740-1815).
Parmi leurs enfants figure Charles-Aimé-Ovide Denis de Cuzieu, qui épousa à Lyon, en 1790, Suzanne-Christiane d'Affaux de Glattas (1770-1825), qui avait hérité de la seigneurie de Saint-Lager et portait le titre de dame-baronne de Saint-Lager Charles-Aimé-Ovide Denis de Cuzieu signait « Cuzieu » : si les actes officiels transcrivent généralement son seul prénom de Charles et parfois celui composé de Charles-Aimé, son prénom d'usage était celui d'Ovide ; ceci expliquant dans la descendance de son fils aîné Charles Robert (1791-1834), le prénom d'Ovidie que portait sa petite-fille (1828-1886). Quant à son épouse Suzanne d'Affaux, son surnom était Victoire : ce qui explique également le nom de son autre petite-fille, Victorine (« petite Victoire ») Denis de Cuzieu (1829-1842)
Le 23 novembre 1803, Charles-Aimé-Ovide vendit alors le château forézien de Cuzieu et les propriétés attenantes (Henri Gerest, ainsi coule le sang de la terre& Les hommes et la terre en Forez, XVIIIe - XXe siècles, Publications de l'Université de Saint-Étienne, 2005). La famille Denis de Cuzieu s'établit désormais à Saint-Lager, dont Charles-Aimé-Ovide fut maire pendant 35 ans, d'abord de 1807 à 1813, puis de 1819 jusqu'à son décès en 1848. La Bibliothèque Municipale de Lyon conserve une lettre de Charles-Aimé-Ovide Denis de Cuzieu remerciant en 1807 le préfet du Rhône de sa nomination (BML- Ms 2213-pièce 18).
Charles-Aimé-Ovide Denis de Cuzieu et Suzanne-Christiane d'Affaux de Glattas eurent trois enfants :
Charles-Robert (1791-1834), officier diplômé de l'Ecole Spéciale Militaire (promotion 1809 de Fontainebleau et non encore de Saint Cyr), qui suit ;
Blaise-François-Hector (1793-1846), officier également diplômé de l'Ecole Spéciale Militaire de Fontainebleau (promotion 1812), survivant de la Retraite de Russie et captif en Sibérie pendant 2 années ; passionné d'écriture (son histoire de la Campagne de Russie est visée aux AD du Rhône dans le Fonds Galle FG/MS/143 Fol.41, mais reste à ce jour introuvable), il vécut à Paris après son veuvage, fut littérateur membre associé du Caveau et mourut en 1846 sans postérité chez sa sœur Athénaïs, au château des Athiauds à Saint-Germain-Lespinasse (Loire) ; inhumé au cimétière de Saint-Germain-Lespinasse (caveau famille de Saint-Thomas) ;
Jeanne-Aimée dite Athénaïs (1796-1871) son prénom d'usage est seulement inscrit dans son acte de décès [état-civil Roanne (Loire) Décès 1871 n°628 (vue 108)] - pianiste élève de Dumonchau qui lui dédia 6 bagatelles pour piano-forte, épousa à Lyon en 1822 le capitaine Jean Etienne de Saint-Thomas (1785-1875), aide-de-camp et officier d'ordonnance de son père le colonel baron Ovide Denis de Cuzieu. Elle vécut à Paris les premières années de son mariage et fut directrice de l'Institution Royale de Musique Religieuse (1825-1827), puis se fixa en 1830 dans la Loire au château des Athiauds à Saint-Germain-Lespinasse et au château de Roanne où elle mourut en 1871 ; inhumée au cimétière de Saint-Germain-Lespinasse (caveau famille de Saint-Thomas). Dont postérité.
Charles-Robert (1791-1834) était passionné par la peinture, il abandonna la carrière des armes en 1815, préférant dessiner les membres de sa famille et les châteaux du Beaujolais. Sa signature d'artiste était CDDC. Charles-Robert épousa à Lyon en 1828 Louise-Virginie Fougère (an IV/1795-1884) ; ils se séparèrent rapidement. Charles-Robert fut victime d'une attaque d'apoplexie foudroyante (sans doute un AVC) en se promenant un soir d'été 1834 sous les tilleuls de la place Bellecour et mourut quelques minutes plus tard chez son beau-frère de Saint-Thomas (article de presse dans Retronews : Le journal du commerce de la ville de Lyon et du département du Rhône, 13 août 1834, page 1/4) [état-civil Lyon mairie unique (Rhône) Décès 1834 n°3538].
Ils laissèrent deux filles Aimée-Eugénie-Ovidie (née en 1828) et Victorine (1829-1842) : seule Ovidie Denis de Cuzieu vécut adulte, mais resta célibataire et mourut en 1886, en laissant à la ville de Lyon et aux Hospices Civils la plus grande partie de sa fortune, ainsi que l'avait précédemment fait sa mère, madame veuve de Cuzieu (1795-1884). Le legs de sa mère avait permis notamment la fondation de La Martinière des filles à Lyon, à son emplacement actuel rue Terme à Lyon 1er arrondissement ; le buste de « Madame Denis de Cuzieu », en ronde-bosse, y est conservé. Sur la facade sud de la Martinière des Filles est gravée dans un cartouche surmonté des armoiries de Lyon en mosaique :
MADAME Vve DE CUZIEU
1795-1884
La succession d'Aimée-Eugénie-Ovidie fut complexe suite à la découverte d'un second testament annulant les dispositions du premier : « il y avait ainsi dix-sept héritiers en présence » (Salomon, p. 181). Un arrêté de la Cour de Lyon, en date du 15 janvier 1892, détermina les ayants-droits en les limitant aux seuls cousins du premier degré. Le château de Saint-Lager fut adjugé, en 1893, aux cousins-germains d'Ovidie, savoir à Suzanne-Françoise-Clémentine de Saint-Thomas (1823-1898), veuve de Jean-Baptiste dit Francis Andrieu de Vaulx (1811-1867), et à son frère Ludovic-Denis de Saint-Thomas (1832-1907). Leur unique héritière, Jeanne-Aimée-Clémentine Gouttenoire (1873-1958), vendit en 1940 à la société anonyme Pasquier-Desvignes « des bâtiments en mauvais état avec tourelles, ayant composé autrefois la maison d'habitation du château de Saint-Lager ».
Histoire de la conservation
L'article 1E2521 remonte jusqu'aux premières années du XIXe s. et laissent ainsi penser que ce fonds n'est pas issu du séquestre révolutionnaire.
Les pièces détenues par les AD du Rhône n'ont en effet pas pour origine les séquestres de la Révolution, mais sont la conséquence du premier testament d'Ovidie Denis de Cuzieu (1828-1886), petite-fille de Charles-Aimé-Ovide Denis de Cuzieu (1764-1848) et de Suzanne-Christiane d'Affaux de Glattas (1770-1825), Décédée célibataire, Ovidie avait léguée toute sa fortune à la ville de Lyon et aux Hospices Civils avant qu'un second testament découvert sous une cloche à melon lors du déménagement de ses biens exclut la collectivité du legs pour une dévolution au bénéfice de ses cousins paternels et maternels du premier dégré. Ce qui engendra un long contentieux clos par la Cour d'appel de Lyon en 1893. Si une partie des archives et titres furent restitués aux familles de Saint-Thomas, Andrieu de Vaulx et Gouttenoire (cousins germains d'Ovidie du côté paternel des Denis de Cuzieu), un grand nombre de pièces restèrent stockées en vrac dans de grands cartons de déménagement montée des Carmes Deschaussées (ancien site des Archives départementales du Rhône), avant d'être classées à partir de 2015.
Notes
L'inventaire initialement établi par Bruno Galland, directeur des Archives du département du Rhône et de la métropole de Lyon, a été corrigé grâce aux informations communiquées par M. Vincent-Paul Rebillard, descendant de la famille de Cuzieu.
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Mots clés producteurs
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Date
Cote/Cotes extrêmes
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Présentation du contenu
Procédures pour Benoît, Blaise et Jean-Blaise Denis, seigneurs de Cuzieu, contre Jean-Marie Roux de La Plagne (1750-1764) ; les ssyndics, les habitants et la communauté de Cuzieu (1751-1758) ; Morel, conseiller au bailliage de Montbrison (1770-1775) ; Forissier (1784-1786) ; Jean-Georges Roux de La Plagne (1752-1792). .
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