374J - Fonds René Baumer et Rémy Roure

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Cote/Cotes extrêmes

374J 1-374J103

Date

1921-2016

Organisme responsable de l'accès intellectuel

Archives du département du Rhône et de la métropole de Lyon

Importance matérielle

1,3 ml

103 articles

Origine

René Baumer
Daniel Contamin
Rémy Roure
 

Biographie ou Histoire

René Baumer (1906-1982) :

[Source : http://www.renebaumer.free.fr/reperes.htm (dernière consultation le 19 avril 2022)]

René Baumer est né le 10 octobre 1906 à La Mulatière (Rhône) est décédé le 12 mai 1982 à Lyon.

En 1922, il devient apprenti lithographe, chez Arnaud, imprimeur lithographe à Villeurbanne (Rhône). Puis, en 1928, il est employé en qualité de graveur dessinateur dans la fabrique d'impression sur étoffes Bugnand à Lyon jusqu'en janvier 1931.

Durant cette période, tout en poursuivant le dessin, il pratique de nombreux sports dont la lutte et la boxe.

De 1931 à 1937, il entre comme surveillant, d'abord auxiliaire, puis titulaire à l'École des Beaux-arts de Lyon. Cet environnement renforce en lui son goût pour les arts et l'amène à côtoyer des élèves dont les noms comptent aujourd'hui dans l'histoire de la peinture lyonnaise comme Jean Couty.

De cette période date aussi sa passion pour la littérature et la musique. À la fin de l'année 1937, il démissionne de son poste et s'en va à Strasbourg.

En 1938, tout en subsistant grâce à ses productions lithographiques, il suit les cours du soir de sculpture à l'École municipale des arts décoratifs de Strasbourg. Au cours de cette année, il tente de se suicider, sauvé de justesse par ses voisines qui l'emmènent à l'hôpital.

En septembre 1939, il arrive à Paris où il suit des cours aux Beaux-arts en tant qu'élève libre, ainsi que ceux de l'Académie Julian en vue de préparer le professorat de dessin.

Il est particulièrement intéressé par l'art sacré et la mythologie germanique. De nombreuses toiles et dessins de cette époque en témoignent.

 

La guerre interrompt son travail. Il est mobilisé en septembre 1939 et est démobilisé en 1940.

Préférant ne pas regagner Paris occupé, il s'installe à Vaulx-en-Velin (Rhône) avec ses parents. De cette époque, datent de nombreuses toiles sur le village.

L'exemple de son oncle Rémy Roure, journaliste au « Temps », entré dans la Résistance dans le réseau Bordeaux Loupiac, l'incite à entrer à son tour dans la Résistance avec ses parents.

Sa tâche consiste à seconder les réfractaires de tous ordres dans le ravitaillement en vivres, cartes d'alimentation ou d'identité. Il participe également à la rédaction du Bulletin d'information des bureaux de presse de la France combattante publié sous la direction de Georges Bidault.

Parallèlement, il participe à la 51ème exposition de la Société des artistes indépendants, au Palais de Chaillot qui se tient du 1er au 25 mars 1940 avec l'envoi de deux toiles : La boxe et Les clochards à l'asile de nuit de Lyon (son père étant avant-guerre le directeur de cet asile).

Au cours de l'année 1941, tout en continuant son activité clandestine, il poursuit et amplifie l'exercice des arts plastiques : la peinture d'abord, puis le modelage de terre d'argile. Il subit l'influence de Maillol dont il se dégagera par la suite.

En juin 1942, il organise une exposition de peintures et de sculptures (sous le pseudonyme de René Ramage) à la galerie Décoration à Lyon, 56 cours Morand.

 

En 1944, il commence la rédaction de son journal qu'il poursuivra de manière épisodique toute sa vie. Il est arrêté par la Gestapo à Vaulx-en-Velin le 4 avril avec son père et sa tante.

Immédiatement, il est interné au fort Montluc puis à Compiègne pour être envoyé le 4 juin 1944 au camp de concentration de Neuengamme. Il est affecté à une usine de fonderie du commando Stöcken.

Malgré les conditions de vie exténuantes, René Baumer veut témoigner. Par l'intermédiaire d'un travailleur civil français (monsieur Plessis, travailleur du STO), qui travaillait dans la fonderie, il réussit à se procurer un bout de crayon et, de temps à autre, quelques morceaux de papier. Il peut ainsi croquer le profil de plusieurs de ses camarades dont beaucoup ne reviendront pas. Sous la protection (toute relative) de deux politiques allemands, il dessina rapidement quelques scènes du camp : corvées, bastonnades, pendaison, ... Aussitôt faits, les dessins étaient remis à M. Plessis qui les emportait dans son cantonnement et les mettait à l'abri. C'est lui qui ramena tous ces documents en France.

Certains de ces dessins sont exposés au Musée de l'Ordre de la Libération, à l'Hôtel national des Invalides.

En avril 1945, les travailleurs du commando Stöcken sont dirigés à pied sur le camp d'extermination de Bergen-Belsen, qui sera libéré le 2 juin 1945 par les Britanniques. Bien qu'atteint du typhus, comme la plupart de ses camarades, René poursuit l'exécution de ses croquis. Il dessine sur le motif, les innombrables cadavres de ses camarades morts. Ses études lui seront utiles, de nombreuses années plus tard, pour peindre son grand tableau intitulé Un printemps à Bergen-Belsen (300x250 cm), toile qui se trouve au Musée de la Résistance et de la Déportation à Besançon.

De cette expérience, il rapportera un récit qu'il illustre lui-même de gouaches. Ce récit, dont le titre original est « De l'Exil, de la Faim, de la Mort », est édité sous le titre "La Misère aux Yeux de Fou" par les Éditions BGA Permezel en 2004.

 

De retour en France en septembre 1945, il retrouve sa famille décimée : sa mère et sa tante sont mortes à Ravensbrück, son père est décédé à Neuengamme, un cousin a été fusillé sur le pont de La Mulatière, et un autre est mort sur la tombe de sa mère à Ravensbrück. Il regagne Paris où il vit chez son oncle Rémy Roure, qui a repris ses activités de journaliste. René Baumer décide de se réinscrire aux cours de peinture et de dessin à l'Académie Julian à la suite desquels il trouve un poste de maître auxiliaire dans divers lycées parisiens.

 

Devenu professeur à l'Éducation Nationale en 1947, il s'installe dans un grand atelier Grand-rue du Montparnasse. Peu à peu, la peinture deviendra son activité principale, malgré quelques modelages en terre cuite qu'il réalisera en 1955.

Il ne cessera au long de ces années d'alterner dans ses toiles le cubisme et l'expressionnisme jusqu'à les faire cohabiter dans de nombreuses toiles : Musicien au ver luisant (1959), Combat de boxe (1958). Parfois il poussera son expressionnisme à l'extrême comme dans Le déporté (1960) ou La misère aux yeux de fou (1960).

Puis viendra ce qu'il considérait comme son chef d'œuvre Crucifixion (1960), toile de 300 x 300 cm. Pour Un printemps à Bergen-Belsen (1965) (300 x 250 cm), il reprendra la même technique.

 

En 1966, René Baumer expose à la galerie Chappe, exposition organisée par l'Académie de Toulouse à l'issu de laquelle la ville et l'Académie acquièrent deux toiles : Le sacre du printemps (Académie de Toulouse) et Jeune fille aux fleurs (musée des Augustins de Toulouse). Pour les besoins de l'exposition, le peintre aura réalisé de nombreuses toiles de format plus commercial et dans lesquelles il s'est dégagé de tout emprunt stylistique connu pour créer un monde où l'imaginaire est prédominant.

L'exposition a du succès et la critique est excellente, elle souligne que, malgré ses tendances naïves, le peintre reste marqué par les recherches du XXe siècle, le cubisme et les rêveries surréalistes qui lui font créer les hommes végétaux, l'ensemble étant une curieuse fantasmagorie, mais le peintre devra se méfier de la tendance à la surcharge décorative.

En 1971, suite à une restructuration d'une partie du quartier Montparnasse, les ateliers d'artistes sont détruits, ce qui obligera René Baumer à emménager dans un tout petit atelier, toujours dans le même quartier mais d'où ne sortiront plus que des toiles de format commercial dont les plus grandes ne feront pas plus de 100 x 81cm.

Désirant se rapprocher de sa famille et de sa ville natale, il loue un petit appartement au 61 rue Seignemartin à Lyon dans le 8ème arrondissement, tout en conservant son atelier de la rue de Montparnasse et son appartement situé boulevard du Port Royal.

Une autre activité lui prend de plus en plus de temps, l'écriture. Son admiration pour Prosper Mérimée et Robert Louis Stevenson, dont il illustrera plusieurs œuvres et plus particulièrement les contes, l'a amené à s'essayer à ce genre qu'est la nouvelle. René Baumer avait toujours écrit et, outre son journal, on trouve dans ses archives de nombreux essais de contes ou nouvelles écrits à des périodes différentes.

 

De 1971 à 1982 il entreprend de nombreux voyages en France et à l'étranger. C'est aussi l'époque où il commence ses Séries. Ce sont des variations sur un même thème qui font appel à des couleurs lumineuses, éblouissantes.

C'est à partir de 1978 que René, qui n'a pratiquement jamais exposé, se décide à montrer ses œuvres au public. Ainsi, en 1978 (du 15 novembre au 15 décembre) « Le Club des Poètes », dirigé par J. P. Rosnay, l'accueille dans son restaurant-galerie.

En juin 1979, une autre exposition est organisée au cercle Imperator à Nice. La critique souligne le souci de l'artiste de mettre en évidence l'intense lumière d'horizons féeriques et diaprés où la poésie de la couleur semble être sa préoccupation première. Au cours de cette exposition, un tableau de la série Le tragédien n°2 est volé.

À cette époque, René Baumer réalise la série Le charmeur de serpents, Les îles d'or, Le tiercé.

En 1980 (du 18 au 30 septembre), J. P. Rosnay accueille une nouvelle fois 18 œuvres de l'artiste au « Club des Poètes ».

À partir de 1981, le succès commence à venir et les conservateurs des musées s'intéressent à ses œuvres. Celui du musée des Hautes Terres en Guadeloupe lui achète plusieurs toiles dont Le tiercé n°2.

À partir de cette année, la santé de l'artiste commence à décliner.

Entre 1981 et 1982, il réalise peu de toiles.

En 1982, il ne réalise qu'un seul grand dessin du même format que les précédents, intitulé L'Enfer.

Il décède à l'hôpital militaire Desgenettes de Lyon en mai 1982 d'un cancer et est enterré dans le caveau familial à Vaulx-en-Velin.

 

Rémy Roure (1885-1966) :

Rémy Roure est né à Arcens (Ardèche) le 30 octobre 1885 et est décédé le 8 novembre 1966 à Paris.

Il était journaliste au « Temps » puis au « Monde ».

Pendant la Première Guerre mondiale, il est fait prisonnier avec Charles de Gaulle, avec qui il gardera une amitié tout au long de sa vie.

Dans les années 1920, il a écrit, sous son nom d'auteur Pierre Fervacque, quelques romans dont Anaïs, petite fille vivaroise en 1930.

En 1940, Rémy rejoint le réseau de Résistance Bordeaux Loupiac. Il est arrêté en 1943 à Rennes puis déporté vers Buchenwald. Sa femme, Hélène, a été déportée à Ravensbrück et est décédée quelques jours avant la libération du camp. Leur fils unique, André, voulut retrouver sa mère en Allemagne après la Libération, n'ayant pas connaissance de son décès. Mais il mourra avant d'avoir pu la retrouver.

 

Daniel Contamin :

Au décès de René Baumer, Daniel Contamin, son neveu, hérite de ses papiers et de ses œuvres. Il organise de nombreuses expositions des œuvres de René Baumer et fait éditer quelques-uns de ses ouvrages, notamment La Misère aux yeux de fous aux Éditions BGA Permezel.

Histoire de la conservation

Ces archives étaient conservées chez Daniel Contamin depuis le décès de René Baumer.

Modalités d'entrées

Le fonds a été donné au Département du Rhône par Daniel Contamin le 28 septembre 2021.

Un second don a été fait le 11 janvier 2022 comprenant un complément au fonds Baumer ainsi que des ouvrages écrits par Rémy Roure, oncle de René Baumer.

Présentation du contenu

Ce fonds concerne principalement René Baumer. Il permet de retracer la vie d'une personne déportée et d'appréhender l'impact qu'a eu cette déportation sur son art, grâce à des dessins produits avant, pendant et après sa déportation. En plus des dessins, le récit de cette période de la vie de René Baumer est transcrit dans son « journal de camp » : De l'Exil, de la faim, de la mort. Neuengamme, Stöcken, Belsen. Récit d'un rescapé des bagnes allemands (374J4-5).

Ce fonds est également composé d'œuvres de René Baumer : des dessins, des gouaches (374J11-86) et des productions écrites (374J4-10).

On peut également étudier comment ces œuvres ont été diffusées auprès d'un plus large public grâce aux expositions et dons faits par Daniel Contamin ou par la publication d'ouvrages parlant de l'œuvre de René Baumer (374J87-95).

Enfin, le fonds comporte plusieurs ouvrages écrits par Rémy Roure dans les années 1930 (374J96-103).

Évaluation, tris et éliminations, sort final

Aucune élimination n'a été effectuée.

Accroissements

Aucun accroissement n'est prévu.

Mode de classement

Le fonds est composé de trois parties. Une partie comporte les archives produites par René Baumer, ses papiers personnels ainsi que ses productions artistiques. La deuxième partie a été produite par Daniel Contamin et concerne le travail de mise en valeur des œuvres et de la vie de René Baumer. La dernière partie est constituée des productions écrites de Rémy Roure.

Conditions d'accès

Le fonds est propriété du Département du Rhône.

L'accès aux documents est libre.

Conditions d'utilisation

Conformément au règlement de la salle de lecture.

Langue des unités documentaires

La langue principale des documents composant le fonds est le français.
 

Caractéristiques matérielles et contraintes techniques

Les documents sont sur papier.

Autre instrument de recherche

Documents en relation

Archives départementales du Rhône et de la métropole de Lyon :

301J331-332 Fonds BGA Permezel-Association des rescapés de Montluc : dossiers de René Baumer et de sa famille.

 

Un don de 23 tableaux de René Baumer a été fait au Département du Rhône en parallèle du don d'archives.

Bibliographie

http://www.renebaumer.free.fr/ [dernière consultation le 12 avril 2022]

Cote/Cotes extrêmes

374J1-374J94

Date

1921-2016

Mots clés matières

Cote/Cotes extrêmes

374J4-374J86

Date

1933-2005

Cote/Cotes extrêmes

374J11-374J86

Date

1933-1981

Mots clés matières

Cote/Cotes extrêmes

374J11-374J81

Date

1933-1981

Cote/Cotes extrêmes

374J31-374J35

Date

1975-1976

L'horloger, n°4.

Cote/Cotes extrêmes

374J33

Date

s.d.